Pour les légumineuses, la situation est complètement différente : les bruches des légumineuses (il y a autant d’espèces différentes de bruches que d’espèces de légumineuses) s’introduisent dans les gousses vertes bien avant la récolte et au moment de celle-ci, elles ont terminé leur cycle de développement à l’intérieur des graines et ont commencé à émerger à partir de la maturité physiologique. Mais au stade récolte, une partie de la population est encore présente dans les graines sèches et les émergences continuent si rien n’est fait pour désinsectiser rapidement les lots infestés. Le cas échéant, le pourcentage de « graines bruchées » va continuer à augmenter pendant le stockage, jusqu’à la fin de l’hiver (figure 10). Parmi les légumineuses de grande culture, les graines de soja ou de lupin ne sont pas attaquées par les bruches et n’ont pas de besoin particulier de désinsectisation au moment de la récolte. Mais, avec l’amélioration variétale qui réduit les teneurs en facteurs antinutritionnels, et le réchauffement climatique, il se peut que dans quelques années, certaines espèces de bruches seront capables de se développer sur ces « espèces réfractaires » insensibles aux attaques de bruches ayant co-évolué sur d’autres espèces de légumineuses.
Les bruches qui émergent des stocks de légumineuses pendant la fin de l’hiver regagnent les cultures et vont pondre dès l’apparition des fleurs et des premières gousses au printemps (figure 11).
Comme les bruches sont déjà présentes dans les graines à la récolte, les lots infestés destinés à la consommation humaine doivent être systématiquement « désinfestés » à la récolte.
Pour éviter de traiter tous les lots de légumineuses à la récolte pour éliminer les bruches encore présentes (les lots de récolte ne sont pas tous infestées par des bruches à la récolte), le tri entre lots infestés et lots sains peut être facilité par l’utilisation de sondes de détection acoustique (Tomasini et Fleurat-lessard, 2017), qui permettent la détection rapide des larves actives. Sans détection positive, les lots sont déclarés sains et n’ont pas besoin d’être désinsectisés par fumigation à la phosphine ou par inertage au dioxyde de carbone (CO2).